Le TDAH chez les femmes : un diagnostic trop souvent manqué

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est historiquement associé à l’image de l’enfant turbulent, souvent un garçon. Pourtant, les femmes sont loin d’être épargnées — mais leur profil clinique est plus discret, plus intériorisé, et donc trop souvent ignoré.

Chez les femmes, le TDAH prend fréquemment la forme d’un trouble attentionnel prédominant, sans hyperactivité manifeste. On observe alors des difficultés de concentration, une tendance à la distraction mentale, une procrastination chronique, une surcharge cognitive permanente, souvent dissimulées par des stratégies de compensation. Les manifestations impulsives ou motrices sont moins bruyantes que chez les garçons, ce qui contribue à un sous-diagnostic massif.

Selon les travaux de Gershon (2002) et plus récemment de Quinn & Madhoo (2014), les filles sont souvent repérées plus tardivement, parfois à l’âge adulte, souvent après un épuisement psychique ou une dépression mal comprise.

De nombreuses femmes atteintes de TDAH sont initialement orientées vers des diagnostics de troubles anxieux, de dépression, voire de trouble borderline, en raison d’une expression émotionnelle fluctuante, d’une intolérance à la frustration, ou d’un sentiment chronique d’échec. Ces erreurs diagnostiques contribuent à la chronicisation des symptômes et à une perte d’estime de soi marquée.

Une revue de littérature publiée dans Journal of Clinical Psychiatry (Quinn & Madhoo, 2014) montre que seules 25 % des femmes atteintes de TDAH sont diagnostiquées avant l’âge de 18 ans, contre 60 % des garçons.

La vie quotidienne est fortement impactée : instabilité dans les études ou les parcours professionnels, surcharge mentale liée à la gestion du foyer ou de la parentalité, difficultés relationnelles ou sentiment d’être « en décalage » constant. La charge mentale invisible est exacerbée chez les femmes, souvent socialement contraintes à compenser davantage.

Pour beaucoup, le diagnostic survient à l’âge adulte, parfois lors d’un burn-out, d’une maternité, ou à l’occasion du diagnostic de leur propre enfant. C’est à ce moment-là que certaines pièces du puzzle commencent à s’assembler : inattention chronique, éparpillement, fatigue décisionnelle, hyper réactivité émotionnelle…

Il est urgent que les professionnels de santé intègrent les spécificités genrées dans le repérage du TDAH. Cela implique une anamnèse fine, des outils d’évaluation adaptés, et une vigilance accrue aux formes atypiques du trouble.

Le cabinet propose un pré-diagnostic via un entretien semi structuré (DIVA-5 et échelles personnalisées). Plus d’infos ici.


Sources scientifiques :

  • Quinn, P. O., & Madhoo, M. (2014). A Review of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Women and Girls. Journal of Clinical Psychiatry, 75(3), e15.
  • Gershon, J. (2002). A Meta-Analytic Review of Gender Differences in ADHD. Journal of Attention Disorders, 5(3), 143–154.
  • Hinshaw, S. P., & Ellison, K. S. (2016). ADHD: What Everyone Needs to Know. Oxford University Press.
  • Young, S., et al. (2020). The Identification and Management of ADHD Offenders Within the Criminal Justice System: A Consensus Statement from the UK Adult ADHD Network. BMC Psychiatry, 20, 1–10.